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INTERVIEW DU SECRÉTAIRE EXÉCUTIF DE L’ANAQ-SUP

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Pr. Papa GUEYE, Secrétaire Exécutif de l’ANAQ-Sup

L’ANAQ-SUP VIENT DE PUBLIER UN RAPPORT QUE LA CEPES JUGE BIAISÉ. QU’EN DITES-VOUS ?

L’ANAQ-Sup n’a ni publié de rapport, ni commandité d’enquête sur les établissements privés. Notre dernier rapport est celui annuel de 2014. Le Rapport d’activités de 2015 est prêt mais pour des raisons indépendantes de notre volonté, il n’a pas encore été remis au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, c’est après seulement qu’il pourra être publié, comme le prévoit le décret de l’ANAQ-Sup.

Ce qui a été communiqué aux parties prenantes et publié sur le site de l’ANAQ-Sup c’est le procès-verbal de la session des 2 et 3 novembre 2016 du Conseil Scientifique, portant sur les dernières évaluations de 2016, accréditations et agréments définitifs.

Concernant ces résultats, au vu des données, les performances ont été beaucoup moins bonnes que d’habitude, aussi bien pour le public que pour le privé ; le public a soumis 17 diplômes et le conseil en a accrédité 05 et suspendu sa décision sur un dossier, ce qui fait un taux de réussite de 29%. Quant au privé, 47 diplômes ont été présentés et 11 ont été accrédités, ce qui donne un taux de réussite de 26%. Concernant les agréments définitifs des établissements privés, nous avons reçu de la DGES 11 dossiers et 02 ont obtenu un avis favorable du Conseil Scientifique, après évaluation par les experts, ce qui donne un taux de réussite de18%.

Ces résultats s’expliquent par plusieurs facteurs dont la qualité des programmes présentés, certains d’entre eux ont été retenus en 2015 et les établissements les représentent sans avoir le temps de mettre en œuvre les recommandations des équipes d’experts de la précédente évaluation. Il faut dire aussi que l’ANAQ-Sup accrédite des diplômes depuis bientôt trois ans, les établissements publics et privés ont donc fait passer déjà leurs meilleures formations.

Pour finir sur ce point, je voudrai rappeler nos procédures d’évaluation et d’accréditation afin d’éclairer la lanterne des sénégalais sur les aspects techniques du travail de l’ANAQ-Sup.

Nous publions chaque année, en octobre, un appel à manifestation d’intérêt pour l’accréditation de diplômes. Les universités nous soumettent des formations dans le cadre de leur contrat de performances avec le Ministère de l’enseignement supérieur, c’est presque obligatoire pour elles, le privé, quant à lui, présente sur une base volontaire des programmes à accréditer. Nous recevons et traitons les dossiers pendant trois mois et nous annonçons les formations recevables et les autres qui ne remplissent pas les conditions, surtout la sortie d’une promotion, l’agrément définitif.

Après le contrôle de recevabilité des dossiers, nous lançons les auto-évaluations, avec le privé surtout qui a plus besoin d’accompagnement. Lors de cette cérémonie, nous expliquons la procédure, la manière de faire le rapport et nous nous accordons sur les délais de dépôt. En général, il est accordé 4 à 6 mois aux établissements. Je dois faire remarquer que certains établissements ne dépassent pas cette étape car n’ayant pas assez de ressources humaines et techniques pour faire leur autoévaluation et en rédiger le rapport. Sur demande, l’ANAQ-Sup accompagne souvent certains établissements ayant des difficultés.

La troisième étape est la constitution des équipes d’experts. Elle se fait de manière transparente et équitable. Pour cela, nous considérons la discipline du programme pour choisir des pairs spécialistes. Nous constituons des équipes de trois experts, avec au moins un professionnel venant des entreprises. La CEPES aurait dû se renseigner avant de dire que nous leur envoyons des académiques. Certaines équipes ont mêmes deux professionnels. Une fois constituée, la liste de l’équipe est transmise à l’établissement à évaluer pour avis de non objection. Cela veut dire que l’établissement peut récuser un ou plusieurs membres de l’équipe pour diverses raisons : conflit ou proximité d’intérêt ou autres. Quand nous recevons l’avis de non objection, nous nous accordons avec l’établissement sur la date et les conditions de l’évaluation. Enfin, nous nous réunissons avec l’équipe d’experts sur la visite de l’établissement. Au cours de cette rencontre, nous revenons sur la procédure, sur les exigences éthiques et déontologiques et nous faisons signer aux membres de l’équipe une déclaration sur l’honneur. Divers documents, dont le rapport d’autoévaluation et le guide d’évaluation externe leur sont aussi remis. A la suite de cette rencontre l’équipe commence son travail par des réunions techniques de pré visite et se rend à l’établissement pour l’évaluation, le jour indiqué. Au cours de la visite sur site, l’équipe rencontre séparément tous les acteurs et composantes de l’établissement, visite les infrastructures, les équipements et les services, avant de faire son pré rapport qui est envoyé à l’établissement, sans l’avis, pour observations.  Le rapport sera enfin transmis à l’ANAQ-Sup avec une proposition de décision qui sera examinée par le Conseil Scientifique, seul habilité à prendre la décision finale.

Comme on peut s’en rendre compte, cette procédure, qui relève des bonnes pratiques mondiales d’assurance qualité, ne permet pas une évaluation biaisée ou inéquitable et donne la liberté à l’établissement d’accepter une équipe convenable. Elle est appliquée à tous les établissements, publics comme privés, ce qui est tout à fait normal car comme le rappellent souvent le Ministre de l’Enseignement Supérieur et la CEPES d’ailleurs, public et privé sont d’égale dignité.

RAPPORT OU PAS, LES RÉSULTATS DU DOCUMENT NE SONT PAS FAMEUX POUR LE PRIVÉ SUPÉRIEUR !

Vous avez raison et je l’ai évoqué tantôt et j’ai essayé d’en donner quelques éléments d’explication, parmi d’autres. Ceci étant dit, l’essentiel c’est l’amélioration continue des pratiques dans les établissements. L’une des missions de l’ANAQ-Sup est d’accompagner les établissements dans ce sens, par l’appui à la mise en place de leur cellule interne d’assurance qualité, par la formation des acteurs et par l’aide à la mise en œuvre des recommandations issues des évaluation. Depuis quatre ans nous ne faisons que cela, avec un accent particulier pour le privé pour les raisons que j’ai rappelé tout à l’heure.

POURTANT, DANS CES ÉTABLISSEMENTS, LES POSTES CLÉS PÉDAGOGIQUES SONT OCCUPÉS PAR VOS COLLÈGUES DES UNIVERSITÉS PUBLIQUES ET QUI Y SONT ÉGALEMENT NOMBREUX À OFFICIER. EST-CE À DIRE QU’ILS N’APPORTENT PAS DE LA PLUS-VALUE À CES ÉCOLES ET INSTITUTS ?

Je pense que les collègues qui sont dans le privé apportent une plus-value par leur caution académique et par leur expertise. L’assurance qualité c‘est autre chose. C’est une pratique récente en Afrique francophone, le Sénégal est d’ailleurs le premier de la zone à se doter d’un système externe d’assurance qualité et d’une agence. Les enseignants du public qui sont dans le privé, une fois formé et informé, peut l’aider à mettre en place son dispositif interne d’assurance qualité pour mieux réussir les accréditations. L’ANAQ-Sup a aujourd’hui deux banques de plus de deux cents experts, dont une cinquantaine de professionnels, la majorité est formée. Ces experts sont actifs au sein de leur établissement et dans le privé. Ils apportent donc une plus-value à ces établissements.

LA CEPES PENSE QUE L’ANAQ-SUP NE PREND PAS EN COMPTE, DANS SES ENQUÊTES, CE QUI FAIT LA FORCE DE SES ÉTABLISSEMENTS ET AUQUEL TEND AUJOURD’HUI LE PUBLIC, L’ASPECT PROFESSIONNALISANT. SELON ELLE, DANS LA COMPOSITION DE VOS ÉQUIPES D’ENQUÊTE, ON N’Y RETROUVE PAS DE PROFESSIONNELS. ELLE DEMANDE AUSSI À REVOIR VOTRE RÉFÉRENTIEL. QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Je pense que ces propos proviennent de quelqu’un qui n’a pas la bonne information. Comme je l’ai dit, parlant des experts, toutes nos équipes d’experts comportent au moins un professionnel, c’est la règle. Je défie la CEPES de me montrer une équipe ayant évalué un programme du privé sans professionnel. Quant à nos référentiels, ils ont été construits sur la base des meilleurs référentiels du monde, après un benchmarking, des voyages d’études, en fonctions des options du Sénégal en matière d’assurance qualité et des pratiques institutionnelles des établissements. Ils ont été rédigés, partagés et validés par l’ensemble des parties prenantes ; je peux vous dire que les représentants du privé étaient majoritaires aux différentes rencontres sur les référentiels, surtout de la CEPES, en fonction du nombre d’établissements. Après la validation, les référentiels ont été approuvés par le Conseil scientifique qui est l’organe de supervision technique et scientifique de l’ANAQ-Sup. Si on regarde ces référentiels, les standards et critères sur la préparation de l’étudiants à l’insertion professionnelle y occupent une belle place. Le faible taux d’insertion de ns diplômés est une préoccupation constante des autorités du Ministère de l’Enseignement supérieur, de l’ANAQ-Sup et des établissements, publics et privés, nous en avons tenu compte dans la rédaction de nos référentiels. Un référentiel est un outil de mesure de la qualité d’un programme et d’un établissement, il doit être revu périodiquement, tous les cinq ans en général, et nous organiserons des rencontres avec toutes les parties prenantes en fin d’année prochaine, pour voir ce qui est à modifier et ce qu’il faut ajouter.

L’ANAQ A ACCOMPAGNÉ LA GRANDE MAJORITÉ DE CES ÉTABLISSEMENTS À SE DOTER D’UNE CELLULE D’ASSURANCE QUALITÉ. SELON VOUS, OÙ SE TROUVE LE PROBLÈME ?

Le problème, je l’ai évoqué, c’est surtout l’insuffisance de la préparation et des ressources humaines et techniques. Les recommandations des experts ne sont pas souvent bien appliquées. Il y a aussi que les meilleurs programmes sont déjà accrédités. Les résultats étaient bien meilleur en 2014 et 2015, avec une moyenne de 85 % de réussite pour le public et 65% pour le privé. Je conseille au privé de mieux exploiter les opportunités offertes par l’ANAQ-Sup et de ne pas travailler en solitaire. Nous avons un intranet auquel peut accéder chaque établissement avec la possibilité d’échanger avec nos agents d’évaluation sur les difficultés et les besoins d’accompagnement.

D’APRÈS LA CEPES, LE RÔLE DE L’ANAQ NE DOIT PAS SE LIMITER À CELUI DE LA POLICE. EN TANT QUE GARANT DE LA QUALITÉ DU SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR AUSSI BIEN POUR LE PUBLIC QUE LE PRIVÉ, AVEZ-VOUS LE SENTIMENT D’ÊTRE POLICIER ?

Je n’aime pas les termes de « policier » et de « gendarme » qu’on attribue à l’ANAQ-Sup par ce que c’est inapproprié aux missions de l’assurance qualité, fondées sur la collaboration, le volontariat et l’équité. Aucun établissement ne peut être contraint à faire ou à subir une procédure de l’ANAQ-Sup. Surtout que l’essentiel de nos mission ce sont l’accompagnement des établissements, la formation, la contribution au développement de la qualité de l’enseignement supérieur. Maintenant, une fois que la procédure est commencée avec l’accord de l’établissement, elle suit son cours dans les règles de l’art jusqu’à termes. Et nous témoignons des résultats que nous publions par transparence. Il y a à noter que l’ANAQ-Sup commence à subir des attaques et c’était prévisible car elle fait maintenant des malheureux en révélant le vrai niveau de qualité des établissements évalués, dans le public comme dans le privé. Surtout depuis la signature du décret 2015-582 du 11 mai 2015, relatif à la reconnaissance, au classement et à l’équivalence des diplômes, qui fait de l’accréditation de l’ANAQ-Sup une condition sine qua non de la reconnaissance du diplôme par la fonction publique sénégalaise. Nous sommes ouverts aux suggestions et conseils de la CEPES et des autres organisations d’établissements privés car ce sont des partenaires importants.

MALGRÉ L’EXISTENCE DE L’ANAQ, LA PROLIFÉRATION DES ÉCOLES EST UNE RÉALITÉ, ACCOMPAGNÉE SOUVENT D’UNE PUBLICITÉ MENSONGÈRE. QUE FAITES-VOUS POUR ASSAINIR LE MILIEU COMME LE SOUHAITENT D’AILLEURS LES ACTEURS DU SOUS-SECTEUR ?

Ce que nous faisons c’est réaliser les missions de l’ANAQ-Sup qui sont au cœur de l’amélioration de la qualité des établissements. Je rappelle que l’agrément provisoire qui vaut autorisation d’ouverture est directement délivré par la Direction Générale de l’Enseignement supérieur, sans intervention de l’ANAQ-Sup. Cette dernière est en revanche saisie pour évaluation dans le cas d’une demande d’agrément définitif ou d’habilitation. Depuis qu’on a commencé cette procédure, le nombre d’établissement ayant l’agrément définitif a fortement baissé. Comme le montre bien le taux de réussite lors de la session de 2016 qui est de 18%. Ce qu’il faut déplorer c’est qu’il y a toujours des établissements qui continuent à fonctionner avec un agrément provisoire qui est valide en principe pour un an. Malheureusement ce n’est pas dans les prérogatives de l’ANAQ-Sup de faire des injonctions à ces établissements.

A QUAND UN CLASSEMENT DES UNIVERSITÉS, ÉCOLES ET INSTITUTS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, AUSSI BIEN DU PRIVÉ QUE DU PUBLIC (SI L’ON SAIT QUE LA QUALITÉ NE SE DÉCRÈTE PAS) AFIN D’AIDER LES PARENTS ET LES ÉTUDIANTS À OPÉRER UN BON CHOIX ?

Le classement n’est pas dans le programme de l’ANAQ-Sup pour le moment. Surtout que les standards des classements et ceux de l’amélioration continue de la qualité diffèrent, de même que leurs objectifs et finalités. En général, les agences publiques font rarement des classements. On pourrait peut-être l’envisager comme procédure spéciale et ponctuelle en accord avec les intéressés. Les parents et les étudiants peuvent opérer un choix avec les résultats des accréditations de diplômes que nous publions. Notre site est de plus consulté en ce sens et nous recevons beaucoup d’appels sur la qualité des formations.

DG, L’ANAQ A-T-ELLE LES MOYENS À LA FOIS HUMAINS ET FINANCIERS DE SES MISSIONS?

Avec l’accroissement du nombre de programmes soumis et des demandes d’habilitation, les ressources humaines et techniques doivent être renforcées. Nous avons posé le problème au Ministre de tutelle qui a fourni un début de solution. Il y a treize agents à l’ANAQ-Sup, en plus du Secrétaire Exécutif qui n’est pas permanent, qui traitent environ 200 procédures par année depuis 2015. La charge de travail est disproportionnée. Mais avec la logistique et les moyens techniques dont nous disposons, nous arrivons à tenir.

LES UNIVERSITÉS POUR LESQUELLES VOUS TRAVAILLEZ VOUS ACCOMPAGNENT-ELLES DANS LA RECHERCHE DES MOYENS ?

Avec l’accord du Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et du Ministre de l’économie et des Finances, le décret portant création, organisation et fonctionnement de l’ANAQ-Sup est en train d’être révisé pour introduire la possibilité d’un partage des coûts avec les établissements qui se présentent à nos procédures. Des frais de dossiers vont être demandés, à l’image de ce que fait le CAMES et les autres agences. Cela nous donnera des moyens supplémentaires qui vont améliorer la durée de traitement des dossiers et la qualité du service aux établissements.